Pulsation
Ils sont là, debout. Chacun sur un quai. Au milieu, les rails les séparent. Ils sont si proches. Et pourtant. Ils se sourient. Leurs lèvres s’échangent des paroles qu’ils sont seuls à comprendre. A entendre. Les regards qu’ils s’échangent les enveloppent, les gardent, les protègent des autres gens. Ils sont seuls tous les deux. Dans cette lumière-là. Dans cette aura.
Il n’y en a qu’un qui compte pour moi. Et c’est toi. Je voudrais déraisonner. Encore. Rester là. Toujours. Sur un quai. Non, je voudrais te rejoindre. M’élancer vers toi. A ta rencontre. Encore. Me jeter dans tes bras. Oublier. Tout. Pourquoi je suis là. Pourquoi la vie va parfois, à contretemps. Je ne voudrais jamais devoir me séparer de toi. M’arracher à toi. Je voudrais t’aimer là. Etre à toi. Indifférente à tout, ce qui ne peut être toi. Je voudrais déraisonner. Rester là. Rester là contre toi.
Ils sont là, debout. Démunis. Désunis. L’amour ne suffit pas parfois, à faire ce que l’on croit. L’amour ne suffit pas. Et le temps s’accélère. Comme un grondement sourd. Comme la couleur d’un ciel qui change en un instant. Comme la nuit, avant la nuit. Puisque tu n’es plus là. Puisque tu es parti, loin dans ton autre vie.
Et je reste là seule, avec ma déraison et mon amour qui cogne autant que mes pensées.